quelques anecdotes...
LA FRONTIÈRE BULGARO-TURQUE SUR LA MARITZA
Nous ramions peinardes, quand un ronronnement inhabituel attire notre attention... Une jeep nous suit. Kaki. 22, v'là les flics. On l'ignore un temps, mais on sait bien que c'est pour nous. Ca sent la Turquie, on sent/sait bien qu'on s'approche de la frontière... Des bonhommes verts sortent de l'engin vert, et nous font signe. Pas du genre "bonjour" mais plutôt "venez, sans discuter !". On accoste. Ce sont les douanes. Ils nous demandent qui, que, quoi, dont, où (ici)... Mais ils parlent l'anglais comme nous le martien. Ils nous disent -texto- que les Turcs vont nous tirer dessus ; mais comment rejoindre le poste frontière officiel (Kapitan Andrievo) et terrestre en canoë, hein, on vous le demande ? Nous leur suggérons de nous emmener... Ca dure longtemps, car les autorisations pour savoir s'ils peuvent nous transporter sont longues à venir. Des collègues à eux nous rejoignent et nous emballons Ossen-Siméon, et tout le monde dans la jeep. Nous passerons la frontière en faisant la queue entre deux voitures, en traînant un canoë, mais à pied. De l'autre côté, tout notre barda est passé aux rayons X. Des fois qu'on aurait de la schnouf planquée dans les boudins du canot... |
ÉDIRNE ET LES RÉFUGIÉS SYRIENS
Ce superbissime joyau turc est envahi de réfugiés syriens ; tous les hôtels petits budgets en sont pleins, et pas facile pour nous de trouver une piaule. Nous en rencontrons, et ils nous racontent qu'ils attendent de passer en Europe. Par la rivière, de nuit, en douce... Notre projet est de continuer sur la Maritza jusqu'à la mer Egée, mais la Mariza est aussi la frontière physique entre la Bulgarie et la Turquie. Le lendemain, nous allons à l'office du tourisme demander au gars - qui parle anglais - d'appeler les gendarmes de la ville pour être fixées quant à la possibilité de poursuivre notre chemin fluvial. "Interdit". A cause de ce contexte géopolitique particulier, la Maritza ne peut pas être pagayée : zones militaires spéciales tout le long... Un des douaniers bulgares nous avait dit repérer (mais pas forcément rattraper) environ 300 réfugiés par mois (Syriens, mais aussi Afghans...) qui tentent de passer en Europe. |
LE LAC
17-18 août. Avant d'atteindre l'embouchure du lac, nous passons notre temps à slalomer entre les bancs de sable... Nous bivouaquons sur la berge, sous les arbres aux branches tordues et pleins de nids d'oiseaux. A droite la lagune, à gauche notre rivière, au milieu, nous. Cette réserve naturelle est grouillante de vie : mouettes, pélicans, mille et un oiseaux, vaches... Nous nous baladons et admirons, nous gavons du paysage et de ses beautés : le soleil qui descend sur le lac, le dégradé de lignes de couleurs sur l'eau qui se fond dans le ciel-les nénuphars-la berge en face-les arbres... Et cette palette de tons dans les nuages, le soleil couchant, et la nuit étoilée qui peu à peu apparaît, comme si toutes les couleurs qui éclataient dans le jour mourant se réincarnaient dans la luminosité des étoiles. Et puis le silence, soudain. Cette nuit-là est presque troublante de calme. Tous les oiseaux décidèrent d'un commun accord de fermer leur clapet en même temps. Le lendemain, nous traversons le lac, parsemé de-ci de-là de plaques de fleurs jaunes de nénuphars. On pourrait faire un bouquet au milieu de l'eau. Que de pélicans ! (Pas étonnant que cette personnification du poète - pour Musset - ait choisi un tel lieu pour s'ébrouer). A un moment, plus un pet de vent... et le lac devient miroir ; nous rayons sans bruit une plaque d'aluminium un peu hypnotisante. Nous mettons un temps fou à atteindre la rive, très vallonnée et recouverte d'un tapis de forêts. |
14 AOÛT. PLOUF (NOTES TIRÉES DE MON JOURNAL).
Journée de rapides. Dont certains corsés (classe 4-5).
Déjà on avait eu plein de rapides dans la matinée, dont un gros qui nous a projetées de plein fouet dans les arbres, avec une branche qui accroche notre gros sac à l'arrière du canot et le coince ; il se remplit d'eau mais nous réussissons à nous dégager vite. Et aussi des moments où il fallait descendre dans l'eau pour cause de pas assez de flotte pour passer des zones minées de rochers. Nous faisons notre pause déj en face d'un camping où est planté un panneau sur lequel est écrit "adventure.net", avec une image de canoë. Tiens, on rafte donc ici ? Nous n'allons pas tarder à nous rendre compte de la qualité du "spot".
Cet après-midi-là est mémorable. Rapides tous plus fous les uns que les autres, énormes vagues, on racle les rochers, on dérape, on bondit. C'est la folie et c'est psychologiquement fatigant. A un moment, énorme rapide infranchissable : champ de mine de rochers, pas assez d'eau. Nous décidons de le longer - dans l'eau - par la droite, en traînant le canoë ; le courant est si fort que l'on doit assurer chaque pas : l'une de nous s'assure, l'autre peut donc descendre un peu le long du canoë, s'assure à son tour, on fait descendre le canoë, l'autre avance, s'assure, etc. Pas à pas sur des rochers glissants, trébuchants, énormes. Nous y arrivons sur quelques mètres et, à un moment où je suis assurée sur un rocher et dis à Solenne qu'elle peut essayer d'avancer, le rocher que je tiens se détache. C'est la débâcle, le canoë file car Solenne y était accrochée sans être assurée puisque j'étais sensée "tenir" ; me voilà emportée comme un bouchon sous l'eau par le courant... Je me dis, sous l'eau, que si je me prends un rocher à cette vitesse c'est la fin, la ficelle de mon chapeau m'étrangle... Lors de cette dérive sous-marine, je me rappelle très bien avoir senti, à un moment, la présence de Solenne tout en ne voyant rien. J'émerge sans rien comprendre juste avant un gros rocher devant lequel la rivière tourne à gauche, ce qui crée une toute petite piscine plus calme. Solenne, emportée elle aussi par les flots, est arrivée au même endroit. Le canoë a filé, avec toutes nos affaires (attachées dessus).
Une seule chose à faire ma foi : poursuivre le canoë ; comme les abords de la rivière sont infranchissables, nous décidons de monter sur la route qui surplombe la Strouma. Nous grimpons tant bien que mal, et, une fois sur le bitume, courons pour essayer de rattraper le canot. Certaines voitures fusent. Nous finissons par apercevoir Ossen qui dérive. Nous courons de plus belle pour prendre de l'avance sur cet asphalte si praticable, et descendons quand c'est possible par des rochers de granit. Une fois en bas, nous attendons. Pas d'Ossen. Nous remontons la rivière, comme on peut. La rive de droite paraît plus praticable, nous traversons à la nage (fort courant) et marchons, marchons, remontons le cours. Youhou, Ossen est plus haut, coincé par deux rochers, en cravate, au milieu de la rivière ! Pourrons-nous le récupérer ? Il a l'air bien tanqué et nous poursuivons, mais alors que nous en étions à aller chercher des bâtons pour nous aider à braver le courant (ce qui n'aurait pas été possible), voilà-t-y pas qu'Ossen se détache et nous file sous le nez... La cata ! Nous restons sur la berge de gauche, et "y'a plus qu'à" suivre la rivière. Combien de temps cela va-t-il durer ? Nous nous voyons déjà dormir à la belle, sans rien. Nous nous disons qu'il n'y a que la vitesse qui peut être notre alliée pour le rattraper et je file dare-dare. Après une heure de "marche/grimpe/glissades", Ossen est là, tranquillement arrêté sur la berge de gauche (la nôtre) à nous attendre*. Comme s'il nous avait fait une bonne blague. Comment a-t-il pu arriver là et s'arrêter là vu le courant à côté ? Tout est resté accroché au canot, on n'a rien perdu. Solenne arrive. Nous réembarquons pour au moins quatre rapides assez corsés mais on gère. Nous passons la nuit sur une plage de sable à babord, faisons un big feu de joie pour cuire nos pâtes au fromage, une bonne grosse plâtrée.
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Journée de rapides. Dont certains corsés (classe 4-5).
Déjà on avait eu plein de rapides dans la matinée, dont un gros qui nous a projetées de plein fouet dans les arbres, avec une branche qui accroche notre gros sac à l'arrière du canot et le coince ; il se remplit d'eau mais nous réussissons à nous dégager vite. Et aussi des moments où il fallait descendre dans l'eau pour cause de pas assez de flotte pour passer des zones minées de rochers. Nous faisons notre pause déj en face d'un camping où est planté un panneau sur lequel est écrit "adventure.net", avec une image de canoë. Tiens, on rafte donc ici ? Nous n'allons pas tarder à nous rendre compte de la qualité du "spot".
Cet après-midi-là est mémorable. Rapides tous plus fous les uns que les autres, énormes vagues, on racle les rochers, on dérape, on bondit. C'est la folie et c'est psychologiquement fatigant. A un moment, énorme rapide infranchissable : champ de mine de rochers, pas assez d'eau. Nous décidons de le longer - dans l'eau - par la droite, en traînant le canoë ; le courant est si fort que l'on doit assurer chaque pas : l'une de nous s'assure, l'autre peut donc descendre un peu le long du canoë, s'assure à son tour, on fait descendre le canoë, l'autre avance, s'assure, etc. Pas à pas sur des rochers glissants, trébuchants, énormes. Nous y arrivons sur quelques mètres et, à un moment où je suis assurée sur un rocher et dis à Solenne qu'elle peut essayer d'avancer, le rocher que je tiens se détache. C'est la débâcle, le canoë file car Solenne y était accrochée sans être assurée puisque j'étais sensée "tenir" ; me voilà emportée comme un bouchon sous l'eau par le courant... Je me dis, sous l'eau, que si je me prends un rocher à cette vitesse c'est la fin, la ficelle de mon chapeau m'étrangle... Lors de cette dérive sous-marine, je me rappelle très bien avoir senti, à un moment, la présence de Solenne tout en ne voyant rien. J'émerge sans rien comprendre juste avant un gros rocher devant lequel la rivière tourne à gauche, ce qui crée une toute petite piscine plus calme. Solenne, emportée elle aussi par les flots, est arrivée au même endroit. Le canoë a filé, avec toutes nos affaires (attachées dessus).
Une seule chose à faire ma foi : poursuivre le canoë ; comme les abords de la rivière sont infranchissables, nous décidons de monter sur la route qui surplombe la Strouma. Nous grimpons tant bien que mal, et, une fois sur le bitume, courons pour essayer de rattraper le canot. Certaines voitures fusent. Nous finissons par apercevoir Ossen qui dérive. Nous courons de plus belle pour prendre de l'avance sur cet asphalte si praticable, et descendons quand c'est possible par des rochers de granit. Une fois en bas, nous attendons. Pas d'Ossen. Nous remontons la rivière, comme on peut. La rive de droite paraît plus praticable, nous traversons à la nage (fort courant) et marchons, marchons, remontons le cours. Youhou, Ossen est plus haut, coincé par deux rochers, en cravate, au milieu de la rivière ! Pourrons-nous le récupérer ? Il a l'air bien tanqué et nous poursuivons, mais alors que nous en étions à aller chercher des bâtons pour nous aider à braver le courant (ce qui n'aurait pas été possible), voilà-t-y pas qu'Ossen se détache et nous file sous le nez... La cata ! Nous restons sur la berge de gauche, et "y'a plus qu'à" suivre la rivière. Combien de temps cela va-t-il durer ? Nous nous voyons déjà dormir à la belle, sans rien. Nous nous disons qu'il n'y a que la vitesse qui peut être notre alliée pour le rattraper et je file dare-dare. Après une heure de "marche/grimpe/glissades", Ossen est là, tranquillement arrêté sur la berge de gauche (la nôtre) à nous attendre*. Comme s'il nous avait fait une bonne blague. Comment a-t-il pu arriver là et s'arrêter là vu le courant à côté ? Tout est resté accroché au canot, on n'a rien perdu. Solenne arrive. Nous réembarquons pour au moins quatre rapides assez corsés mais on gère. Nous passons la nuit sur une plage de sable à babord, faisons un big feu de joie pour cuire nos pâtes au fromage, une bonne grosse plâtrée.
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